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"Il ne faut pas juger les gens sur leurs fréquentations. Juda avait des amis irréprochables." VERLAINE*

mardi 25 décembre 2012

Le journal d'Anne Franck, Eric Emmanuel Schmidt

Lorsque j'en ai entendu parler il y a quelques mois, je ne pensais pas aller voir cette pièce. Tout d'abord parce qu'il me paraissait difficile de réaliser une bonne adaptation de ce livre qui m'avait à la fois touchée, fait rire, ennuyée un peu aussi (on tourne parfois en rond en même temps qu'Anne, enfermée et cachée pendant deux ans avec les mêmes personnes). Il y avait Francis Huster, c'est vrai, mais les extraits que j'avais visionnée de sa dernière pièce m'avaient conduit à croire qu'il n'était plus le même acteur qu'il y a trente ans, qu'il n'avait plus le même talent que lorsqu'il jouait Lorenzaccio (voir cet article enflammé). Bon, et puis les prix restaient hors de la portée de mon porte-monnaie. Mais par hasard, on m'a proposée une place à vingt euros avec en prime rencontre avec la jeune fille interprétant Anne Franck, dont on m'avait dit le plus grand bien.

Voilà donc ce qui m'a motivée : une rencontre avec Roxane Duran (dont j'ai appris par la suite qu'elle avait 19 ans et que son premier rôle avait été dans Le Ruban Blanc de Haneke...tranquille !) et un tarif réduit. 

Quelle ne fut donc pas ma surprise de découvrir qu'il s'agissait d'une bonne adaptation, originale parce qu'adoptant un point de vue particulier (celui du père joué par Huster qui revient des camps et découvre le journal de sa fille) et parce que drôle (vraiment très drôle) et en même temps pesant, suivant le livre tout en ajoutant des passages bien écris et émouvants. 



Bon, tout ne marche pas parfaitement. Le début surtout. Gestes faux, voix affectées, temps long et l'on se demande si ça va véritablement être comme ça pendant deux heures. Mais une fois l'histoire lancée, une fois que tous les personnages sont enfermés dans l'Annexe, alors la pièce commence véritablement et on se laisse entraîner dans l'histoire d'Anne Franck. L'utilisation de la musique participe énormément à l'aspect léger qui régulièrement contrebalance l'atmosphère confinée et pesante de la guerre et de la peur. Du jazz, des tubes américains de l'époque, rien d'emphatique ni de cliché, sans pour autant que ça soit anachronique. De la même façon les personnages sont vivants tout en ne prenant jamais d'attitudes décalées par rapport aux années 1940. Petit bémol cependant pour le décor... peut-être qu'il était trop précis, qu'il y avait trop d'accessoires mais c'est mon côté "môdââirne" qui s'agite. 



Et Francis Huster alors ? Eh bien, il est bon ! Fatigué peut-être un peu, mais ça allait avec le personnage. Il est petit ! Il sourit peu, mais bien. Bref, je n'ai pas eu un autre regard que celui de la groupie ce soir-là, c'est ainsi. 

Et Roxane Duran alors ? Elle aussi elle est bien, même excellente. Surtout, elle nous l'a expliqué ensuite, pour quelqu'un qui vient du cinéma où l'énergie à fournir est très différente. Pour parler jeune, elle m'a "foutu le seum". Et la rage en même temps. L'état dans lequel je me suis trouvée après avoir parlé avec elle était celui, exacerbé, qui me hante depuis quelques semaines. L'hésitation entre les projets, les énergies à fournir. L'hésitation entre certains sacrifices, entre l'envie de se laisser aller et la nécessité de bosser. Cette même hésitation qui m'a poussée à écrire ici ce matin alors que je suis censée faire de l'histoire pour cet institut dont je ne sais plus si je l'aime ou le hais, Sciences Po. 



A voir alors ? Si vous avez 36 euros, oui. Sinon tant pis, regardez Le Ruban Blanc et le DVD de Lorenzaccio par la Comédie Française. Enfin, lisez Le journal d'Anne Franck. Parce que bon, hein, quand même.

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