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"Il ne faut pas juger les gens sur leurs fréquentations. Juda avait des amis irréprochables." VERLAINE*

dimanche 2 décembre 2012

Racine par la racine, Serge Bourhis

Attention ! Pour une fois je vais être positive sur une pièce, c'est très exceptionnel ! Non pas que je sois un public difficile, c'est juste que d'habitude ici je ne parle que de ce que je n'aime pas. Mais là, je crois qu'il faut que je me force un peu, ils le méritent.

Le charme vient tout d'abord du lieu. Juste derrière Beaubourg, le théâtre Essaion est minuscule et très bien caché - par conséquent c'est avec un immense bonheur qu'on finit par le trouver : ouf, on ne sera pas en retard... ! Tout en pierre de taille, c'est à la fois un cabaret et un théâtre. La salle est sans doute la plus petite que j'ai vue et cela lui confère un charme irrésistible.

Donc premières conditions parfaites... mais rappelons-nous de Dom Juan (et je ressasserai sans cesse cette déception...) ! C'est avec un enthousiasme curieux que je me prépare à regarder (oui, c'est une préparation qui nécessite d'être parfaitement installé et si possible d'avoir le coeur battant). Cette curiosité était en réalité plus proche du scepticisme amusé : me faire aimer Racine, il y allait avoir du boulot... mon dernier souvenir de ce tragédien remontait à l'année dernière, j'avais voulu lire Bérénice et je m'étais ennuyée !... Mais je ne sais pourquoi, j'ai su tout de suite que j'allais pouvoir faire confiance aux comédiens et à la pièce, que ça allait marcher.



Oui dès le début, dès le premier tableau, on sait. On sait que c'est bon, juste. Les effets de mise en scène sont tous réussis bien que réalisés avec trois fois rien. Les blagues sont bien tournées, et les vers de Racine s'élèvent soudain comme si leur véritable nature m'apparaissait enfin. Ce qui fut très beau de la part des comédiens, c'est la facilité qu'ils avaient (surtout une comédienne, Caroline Hartpence) de passer du comique au tragique. Et pas au tragique dramatique, non le vrai tragique avec la fatalité qui écrase les personnages et les rend si beaux. Oui, on a rit et pleuré ce soir-là.



Je reviens sur Caroline Hartpence. Son jeu m'a intriguée. Elle est incontestablement douée. Et lors du dernier tableau, alors qu'elle joue Phèdre dans la célèbre pièce éponyme, alors qu'elle murmure ces mots si puissants: 


" Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue; 
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue; 
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler;
Je sentis tout mon corps et transir, et brûler..."


Des larmes se mettent à couler 
sur ses joues, de vraies belles larmes et elle tremble et c'est vraiment Phèdre qui est là. 




Et en même temps, je n'ai pu m'empêcher de me demander si c'était vraiment ce qu'il fallait faire... pleurer autant ! En faire autant, vraiment c'est ça le théâtre, la tragédie ? 


Bon après je me suis renseignée, elle a fait Acting International et le cours Florent, tu m'étonnes qu'elle sache pleurer. 

C'était émouvant. Peut-être que tant que c'est émouvant, il n'y a pas de reproche à faire aux artifices utilisés pour y parvenir ? Et puis c'était bien écrit et bien mis en scène. Que demander de plus, à part qu'ils jouent au théâtre éphémère et que les Français aillent un peu jouer dans un caveau pour voir ce que ça fait... hum, l'amertume n'est jamais utile, pardon. 




Courez-y, ô vous mes trois lecteurs ! 




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